SNIF...
Du plus loin que je me souvienne, j'ai toujours eu le coeur sensible et la larme facile... un rien m'émeut qu'est-ce que vous voulez... Je pleure sur les dernières pages de La consolante... sur les textes de Bashung... sur la naissance d'un bébé... sur les infos... sur les propres pleurs de mes enfants (en cachette)... mettez moi " non, je n'ai rien oublié" d'Aznavour, "manon" de Gainsgourg ou "avec le temps" de Léo Ferré et je me transforme en fontaine... même si j'ai (presque) réussi avec le temps à contrôler mes émotions débordantes, il n'est pas rare de me découvrir tel un lapin russe, hoqueter dans un coin (je me cache quand même hein...). Ces témoignages lacrymaux envers mes prochains ont évidemment le don de mettre les garçons dans l'embarras, les filles aussi d'ailleurs, et Monzhom particulièrement a-ga-cé... genre "qu'est-ce qu'il y a... ENCORE !"
Quelle ne fut pas ma surprise ce matin, quand, après avoir vu une expo de photographie qui m'a liquéfiée, je me suis retrouvée accompagnée dans mon émotion par une femme remarquable de discrétion et de douceur... le genre de femmes qui savent... de celles qui ne jugent pas à prime abord... qui contrôlent leur empathie pour avoir juste le mot qu'il faut, le geste qui soutient... c'est une des rares fois où je n'ai pas eu (trop) honte de pleurer en "public"... une des rares fois où je me suis sentie sensible sans outrage à mon entourage... mes larmes ont simplement témoigné de mon émotion sincère face à des photographies bigrement bouleversantes d'humanité. Des photos fragiles mais dignes d'un univers médico carcéral, de soignants et soignés vivants, vivants comme cette musique si libre et légère réalisée par un patient qui accompagnait à souhait ce travail d'images. Des photos qui témoignent du déséquilibre, du trouble, de la perte de repères mais aussi de la reconstruction, de l'ancrage et du don de soi.
Je ne suis pas sortie indemne de ce que j'ai vu... mais je sais pourquoi je l'ai fait... il m'appartient dorénavant d'y prendre appui pour gravir encore une marche. Quand bien même les larmes couleront, quand bien même je serai découragée, quand bien même les mots ne viendront pas... quand bien même je me sentirai nue avec mes yeux gonflés, le coeur en bandoulière et le stylo vide. Après tout... je ne suis qu'une fille... sensible de surcroît.
L'arbre de l'UMD
Photo de Gary Lafitte