ENTRE DOUCEUR ET AMERTUME
sur un air léger comme "il y a...." d'une certaine Vanessa...
Je pourrais vous raconter comment je travaille dur depuis des semaines sur un projet pro si ambitieux qu’il me donne le vertige (et des insomnies). Comment de la sorte, je suis entrée, par la p’tite porte, dans la « cour des grands »… dans un lieu qui nécessite des efforts intellectuels constants, une grande capacité de concentration, de la réactivité et de la performance. Malgré la bonne stimulation engendrée, le doute en moi que ça réveille… suis-je capable de tout mener à bien ? Vais-je réussir ?
Et comment j’ai passé une sorte de « grand oral » avec le trac d’une nouvelle recrue qui doit faire des preuves… la satisfaction de savoir que « ça, c’est passé » et plutôt bien… Le souvenir d’une soutenance de mémoire que ça m’évoque… la nostalgie qui l’accompagne que j’essaie tant bien que mal de botter en touche… aaah oui c’était bien les études et les longues heures passées à la médiathèque… aaaah oui, c’était bien la vie d’étudiant quand nos p’tites cervelles de gauchistes s’échauffaient et qu’on refaisait le monde tard dans la nuit en mangeant des pâtes rien qu’au beurre.
Je pourrais vous raconter les maux de ventre jamais partis auxquels on s’habitue, le stress dès le réveil, les coups de fatigue qui imposent qqs minutes d’arrêt sur l’autoroute… les longue nuits à cogiter dans son lit sur le boulot… la clémentine salvatrice à 10h.. les litres de thé avalés… les envies de soupe, de sushi et de nouilles chinoise à tous les repas et le gingembre confit comme gourmandise récompense d’un dossier bouclé.
Je pourrais vous raconter toutes les interrogations posées sur un certain vaccin… qu’on n’a finalement pas fait… et malgré la formule abracadacoué qu’on a tenté de s’appliquer en croisant les doigts de pieds pour ne voir aucun médecin d’ici la fin de l’année, il y a eu du nez qui coule, de la gorge qui gratte et qui tousse … et comme ça ne faisait pas assez il y a eu suspicion d’une grippe A chez mon cadet suivi d’un syndrome grippal chez le benjamin… des masques à porter, des mouchoirs jetables par centaines… du télétravail éprouvant avec des journées qui vous mutent en infirmière ou mère fouettarde... et des nuits qui transforment en futur jeune cadre dynamique en chargée de mission volontaire mais épuisée.
Je pourrais vous raconter les boîtes classées, les rubans réunis par catégorie, les fils de coton par couleur et tous ses fichus « en cours de biNouilles » toujours pas terminés. Parfois manquent juste une perle, une adresse sur l’enveloppe, un brin de couture… et le découragement qui gagne à l’idée de finir le commencé…
Je pourrais vous raconter le tout début du lâcher prise, le « si j’ose dire » et le « avoué » contrainte et forcée… la féminité qui ne s’exprime plus bien du tout, l’ego dans les chaussettes et la jalousie qui pointe son nez…
Je pourrais vous raconter une maison vivante mais tellement désordonnée qui mériterait mieux que toiles d’araignées, miettes sous la table, évier sale… une apparence si négligée !! Le désarroi du mercredi où il faut gérer l’intendance, le ménage et le linge en retard un jour où l’on espère juste se reposer… et profiter de ses enfants.
Je pourrais vous raconter ces enfants là justement que je ne me lasse pas d’observer : l’un qui rêve, dessine et réfléchit à haute voix… l’autre qui court, escalade et chante à tue tête…. Quand une 3eme n’écoute plus, joue avec sa mèche de cheveux ou ses ongles noirs et se moque bien des exigences parentales.
Je pourrais vous raconter une fin d’année qui approche sans vraiment rien de préparé et un 2009 qu’on souhaite très vite oublier. Un « pas trop l’envie de fêter les fêtes » qu’on va essayer de ne pas trop montrer… jouer le jeu pour les minots dans les yeux desquels on se retrouve… foutus souvenirs d’enfance idéalisés qui donne envie de grandes retrouvailles familiales et du sapin jusqu’au plafond… prises de photos juste à ses pieds…
Je pourrais vous raconter le bonheur des uns et les emmerdes des autres… ce qui ravit, ce qui inquiète… les espérances, les désillusions…
Je pourrais vous raconter les non dits… tout ce « tu » qu’il ne faut plus taire, qui devrait pouvoir éclater si l’on osait… les échanges directs mais fructueux avec une psy qui revient exprès de la capitale 1 week-end sur deux pour ses patients, « mais pas que… » dirait-elle en souriant… les alertes d’un ostéo épuisé par une mauvaise séance : trop de toxines, peu d’énergie qui circule… « tu veux te ruiner la santé ou quoi ? »
Je pourrais vous raconter les moments précieux, instants privilégiés autour d’un thé entre copines, apéro en amoureux, p’tite pause sucrée en plein bordeaux avec des lutins ravis de se gaver de pâte à tartiner … du bonheur simple d’un feu de cheminée, d’un plat qui mitonne, d’un bisou dans le cou.
Je pourrais vous raconter le cruel sevrage de l’écriture et le manque généré… et le vide en soi qu’il impose… la non présence virtuelle qui crée l’absence qui crée l’oubli… la boîte mail qui s’appauvrit… le risque de s’enfermer dans un « chui là sans être là » qui frustre… et puis… et puis…
… Et puis je pourrais vous raconter l’envie qui revient un peu, à pas feutrés… et parfois la hargne aussi… la colère salvatrice qui suggère de relever enfin la tête et le « merde au monde » qu’on pourrait se permettre un des ces jours…
Et pourquoi pas bientôt un exercice défoulatoire, encouragé par Mme la psy pleine de patience, comme acte symbolique et libérateur…
Car libre je suis d’écrire et de donner à lire…
Et libre êtes vous de recevoir et de critiquer…
Mais que les mauvais pensants à l’égo suffisant passe désormais leur chemin sans s’arrêter… car à eux, je n’ai vraiment rien à dire et à raconter…
A très vite pour les autres et merci aux fidèles des fidèles pour le soutien de près ou de loin, les coups de fil et les e-mail en aparté… ça fait un bien….